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Les Médusés

 

Edith Roux a placé ses sujets sur les passerelles du périphérique de Paris. Ils semblent planer comme des fantômes au-dessus de rivières de béton, charriant des containers remplis d’humains. En voyant ces photographies, on se rappelle que, dans le monde actuel, l’espace urbain est un organisme vivant qui bouge en permanence. Que nous crient les sujets d’Edith Roux ? Nous préviennent-ils de quelque chose ? La photographie ne nous dit rien à propos de ces messagers. Leur agonie est pourtant perceptible, comme le laissent supposer ces scènes de cauchemar et de désespoir qui évoquent l’œuvre de Munch. En demandant à ses sujets d’ouvrir grand les yeux et la bouche, à l’instar de son objectif ouvert au maximum, Edith Roux examine les frontières mouvantes de la ville, confronte figuration et abstraction, et explore la tension entre le permanent et l’éphèmère.

 

(texte extrait de Faire faces, le nouveau portrait photographique, William A. Ewing, Actes Sud, 2006)